Hiver 2020 | La Lettre Trimestrielle | 7
En outre, lorsque les premiers cas de coronavirus ont été rapportés en Chine, les investisseurs ont initialement estimé qu il s agissait d un choc temporaire et isolé, et que l activité économique allait rebondir fortement par la suite. Or, il semble que ce scénario en V chute du PIB au T1 2020, puis rebond miroir au T2 2020 ait reposé sur deux hypothèses qui se sont avérées erronées.
D une part, les investisseurs ont semblé convaincus que l économie mondiale était en mesure d absorber assez facilement le coup. Pourtant, la croissance mondiale n a atteint que 2,9% en 2019, soit le plus faible rythme depuis la récession mondiale de 2008 et surtout, loin des 4% enregistrés lors de la crise du SRAS survenue en 2003. Historiquement, on observe qu une croissance économique aux alentours de 2,5 % est susceptible d augmenter la probabilité de retournement de cycle. En effet, lorsque la croissance est trop molle ce qu on appelle la vitesse de calage il devient difficile d absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail et par conséquent, le taux de chômage se met à grimper et l activité économique tend alors à décrocher.
D autre part, les investisseurs ont vraisemblablement minimisé l importance du choc sur la Chine elle-même, mais également ses effets induits sur les autres pays. Ainsi, les indicateurs tels que la consommation de charbon et d électricité, ou encore le fret aérien et ferroviaire, signalent depuis plusieurs semaines un fort ralentissement en Chine et peu de signe pointe vers un retour à la normale imminent. L indice de confiance des entreprises publié par l agence statistique chinoise montre d ailleurs une très forte contraction de l activité en février, tant dans le secteur manufacturier que celui des services, atteignant un plus bas depuis la publication de cette statistique (2005). En fait, l ampleur de la chute est telle qu il ne fait aucun doute du caractère significatif des effets négatifs de l épidémie.
Par ailleurs, la Chine étant devenu marché d exportations, mais également élément souvent central des chaînes de valeur, le coronavirus agit conjointement comme un choc de demande et d offre, perturbant l approvisionnement et la fabrication de produits dans le reste du monde. En outre, le tourisme
L accord commercial signé à la mi-janvier entre les États-Unis et la Chine, la diminution des craintes liées à un Brexit sans accord, ainsi que la mise en place de politiques monétaires accommodantes avaient grandement contribué à entretenir un sentiment d euphorie au sein des marchés boursiers.
Macroéconomie
Reprise incertaine entremêlée d obstacles
Marc-Antoine Collard Chef Économiste Rothschild & Co Asset Management Europe