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représente plus de 7% des exportations mondiales et la situation actuelle plombe les acteurs de ce marché. Contrairement à ce qui était anticipé par certains, la prolifération de la contagion hors Chine s est accélérée, incitant de nombreuses entreprises et gouvernements à imposer des restrictions sur les voyages, visites et manifestations, ce qui a de lourdes répercussions sur de nombreuses entreprises du secteur des services.
En somme, le COVID-19 a sensiblement affaibli les perspectives économiques et, contrairement à ce qui était anticipé il y a quelques semaines à peine par les marchés d actions, la croissance mondiale devrait, non pas se raffermir, mais s affaiblir en 2020 par rapport à 2019.
Cela étant, les pouvoirs publics se sont mobilisés afin de soutenir l activité, quoique de façon très graduelle pour l instant. Le FMI et la Banque mondiale se sont dit prêts à aider les pays les plus touchés, s engageant à utiliser les instruments disponibles tels que les financements d urgence, les conseils politiques et l assistance technique. L Italie est le second foyer de contamination au coronavirus recensés hors Chine et les régions industrielles du Nord, poumon économique du pays, sont les plus touchées. Le Gouvernement a été contraint de fermer les écoles du pays pendant une période de 14 jours et a également annoncé des mesures d un montant de 3,6 milliards d euros afin d affronter les conséquences économiques du COVID-19 et de soutenir les entreprises en difficulté.
Les Banques centrales ont également décidé de jouer un rôle de premier plan. La Fed a annoncé une réduction de son taux directeur de 50 points de base le 3 mars dernier lors d une réunion exceptionnelle, la première depuis 2008 lors de la faillite de Lehman Brothers. Si les fondamentaux de l économie américaine restent, somme toute, bien orientés, Jerome Powell, le Président de l Institution, a néanmoins insisté sur l aspect préventif de cette décision alors que le coronavirus fait peser des risques évolutifs sur l activité économique, rappelant toutefois que la politique monétaire n est pas forcément très efficace face à un choc d offre.
Dans le sillage de l action de la Fed, les autres banquiers centraux ont évoqué les outils à leur disposition afin d éviter que la crise actuelle ne dégénère. En Australie et au Canada, les Banques centrales ont respectivement réduit leur taux directeur de 25 et 50 points de base. En Zone euro, compte tenu des faibles marges de manœuvre conventionnelles taux de dépôt actuellement à -0,5 % l attention semble se porter sur des facilités de financement ciblées dans l optique de s assurer qu il n y ait pas de
COVID-19 a sensiblement affaibli les perspectives économiques
faillites en cascade. La Banque d Angleterre devrait, elle aussi, annoncer une politique monétaire davantage accommodante lors de sa réunion du 26 mars, d autant plus que les négociations entourant la relation future entre le Royaume-Uni et l Union européenne ont débuté le 2 mars et déjà, un dialogue de sourd semble s être installé de part et d autre.
Dans la plupart des pays, les dépenses des ménages ont été soutenues par l amélioration de la situation sur le marché du travail, mais l essoufflement des créations d emplois en lien avec le ralentissement économique pèsera probablement sur les revenus. De leurs côtés, les échanges commerciaux et l investissement demeureront vraisemblablement atones en
raison du niveau très élevé d incertitude. La volatilité des marchés financiers et la diminution des flux touristiques constituent également des facteurs qui brideront la croissance pendant un certain temps. Par conséquent, l économie mondiale entre dans une zone de fortes turbulences et il faut espérer qu une relance macroéconomique dans les économies les plus exposées, proportionnelle au défi actuel, sera mise en place rapidement et pourra insuffler de la confiance à mesure que les perturbations se dissiperont.
Achevé de rédiger le 5 mars 2020
Parlement européen, Strasbourg, France.