SUJETS INTIMES
A U D I E N S A R T D E V I V R E14
Le Pansement Schubert est à la fois le titre d un livre (Denoël, 2020) signé par la violoncelliste et musicothérapeute, Claire Oppert, et le nom du protocole médical mis en place par celle-ci avec une équipe de soignants. Un hommage au pouvoir de la musique vivante. C est un récit poético-philosophique dans lequel Claire Oppert nous entraîne. Il est question du mystère de la vie et de la mort, de souffle et de résonances. Entrelaçant en filigrane des souvenirs de son enfance et de ses études musicales au conservatoire de Moscou, elle déroule une galerie de portraits inattendus : Paul, Amélia, Dîlan, David, Madame Eleonora, Monsieur Koumba... Chaque rencontre est un moment suspendu, unique, durant lequel avec son « archet magique », elle tente de « faire circuler de la joie et de la lumière ».
Depuis 20 ans, la violoncelliste joue en concertiste au chevet de jeunes autistes et de résidents d Ehpad, confrontée aux pathologies d Alzheimer et autres démences, à la douleur et à la fin de vie. Chaque
LES CHEMINS DU PANSEMENT SCHUBERT
semaine, en plus de ses concerts et de ses élèves, elle consacre une journée dans deux services de soins palliatifs auprès d une vingtaine de patients. Ce qui est essentiel dans sa vision du prendre soin : « Je joue pour des personnes dans le coma ou qui n ont plus de langage cohérent. Mais même quand on est malade, ou en fin de vie, on reste qui on est, avec son histoire et le noyau de son cœur intact, jusqu'au bout. » Concernant la musicothérapie, même si la France n est pas le pays le plus novateur comparativement à d autres pays européens, les choses bougent. Claire Oppert reconnaît que les soins palliatifs ont aussi évolué. Sur son approche, elle précise : « Je ne guéris pas les maladies, pas plus que je n empêche la mort d advenir bien évidemment. Je prends soin d une partie de la personne qui n est pas malade et tente d épanouir la moindre parcelle de vie, même ténue. Ainsi, j ai vu de nombreux cas où la personne est plus présente, grâce aux vibrations de la musique. Des choses extraordinaires sinon miraculeuses se produisent.» Et de citer son maître spirituel, Howard Buten, à propos des autistes : « Je ne les guéris pas, je les transforme ». Celui-ci lui avait interdit de se plonger dans la théorie