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A U D I E N S A R T D E V I V R E 15
et de travailler intuitivement et sans méthode établie. De ses débuts, elle se souvient : « C est le paradoxe. Je n étais pas préparée mais je me suis sentie bien tout de suite et à ma place. » Plus tard, elle obtient un diplôme universitaire d art-thérapie à la faculté de médecine de Tours. Aujourd hui, elle enseigne dans les facultés de médecine pour expliquer en quoi l art peut avoir une place dans un centre de soins : « Ce qui est nouveau, c est la façon de l intégrer dans une structure et d avoir un regard qui tient compte de la personne malade dans sa globalité. La musicienne que je suis prend part au cercle des soignants. »
D ailleurs, voici comment naquit, en mars 2012, le « Pansement Schubert » dans un Ehpad parisien : lors d un soin, une patiente hurle et se débat face à ses deux infirmières. Claire se met alors à jouer spontanément le thème du mouvement lent du trio n°2 de Schubert. L apaisement est immédiat. Et l une des infirmières de s exclamer : « Il faudra absolument revenir pour le pansement Schubert. »
Par la suite, grâce à l aide du Dr Jean-Marie Gomas à l unité de soins palliatifs de l hôpital Sainte-Périne, elle met en place le protocole éponyme : « J étais encouragée par une équipe et un chef de service qui avait une grande expérience des recherches cliniques. Il a été ma deuxième rencontre clé. » Cette étude circonscrite à 112 patients démontre une diminution de la douleur des patients allant jusqu à 50%, des effets positifs sur l anxiété à près de 90% sans compter les impacts sur les soignants. Et d ajouter : « À travers plus de 2 500 patients, j ai vu des choses similaires à la fois dans la relaxation musculaire (mains, pieds, plis du front qui s effacent ) et aussi le regard qui change, s illumine avec des ébauches de sourires ou bien des modifications des mouvements respiratoires. D ailleurs parmi les 450 paroles des patients, recensées au cours d une étude, quatre mots sont ressortis : vibration, cœur, vie et joie. » Des mots qui en disent plus long que les chiffres sur le pouvoir de la musique.
Si la violoncelliste avoue son faible pour « l humanité, la beauté et la mélancolie de la musique de Schubert », elle joue aussi de la variété, du jazz, du Piaf, du Cloclo, du rap et même du métal ! Peu importe le genre, seules comptent les vibrations ; or celles du violoncelle sont assimilées à la voix humaine. Seule prévaut la beauté de la musique et de la personne qui joue. Preuve, si l on en doutait, de la force quasi irremplaçable de l instrument vivant.
Le Pansement Schubert, par Claire Oppert (Denoël, 2020).
SOIRÉE EXCEPTIONNELLE AUTOUR DU LIVRE, Le Pansement Schubert de la violoncelliste Claire Oppert.
Mardi 9 novembre 2021 à la Salle Gaveau, avec le violoniste Maxim Vengerov, le pianiste Roustem Saïtkoulov, le philosophe Eric Fiat et le Dr Jean-Marie Gomas.
POUR EN SAVOIR PLUS : www.sallegaveau.com
MAIS MÊME QUAND ON EST MALADE OU EN FIN DE VIE, ON RESTE QUI ON EST AVEC SON HISTOIRE ET LE NOYAU DE SON CŒUR INTACT, JUSQU'AU BOUT.