La Revue de la Médecine Générale n°289 Janvier 2012 25

Réponse Malgré l’insouciance de la patiente et son âge avancé, la lésion est suspecte d’un carcinome. Une

biopsie sera réalisée en bordure de la lésion à l’aide d’un punch de 2 mm. Cette dimension permet de ne pas devoir suturer la plaie créée par la biopsie et ainsi offrir une cicatrice très discrète. Après une semaine, le service d’anatomopathologie confirmera un carcinome basocellulaire. Ce type de lésion, bien que pouvant prendre des aspects impressionnants, ne métastase pas. Une lésion de type spinocellulaire aurait nécessité un traitement plus important, associant parfois chirurgie et radiothérapie.

Le carcinome basocellulaire siège préférentiellement à la tête et au cou. Il s’agit du cancer le plus fréquent. Il dérive des cellules basales de la peau, d’où il tient son nom. Son développement peut être favorisé par une radiothérapie administrée plusieurs années auparavant.

Sa croissance lente et son caractère indolore expliquent que de nombreux patients tardent avant de consulter. Plus la lésion est grande, plus elle se sera également développée en profondeur et plus le traitement en sera compliqué. Les carcinomes basocellulaires peuvent prendre un aspect superficiel, ulcéré, pigmentaire, nodulaire ou sclérodermiforme (aspect cicatriciel) comme pour celui de Madame K.

La prise en charge thérapeutique préférentielle reste l’exérèse chirurgicale complète. Toutefois, comme des alternatives existent, le choix du traitement sera opéré en fonction du type de lésion, de sa localisation, de sa taille et des caractéristiques du patient (âge, état général, co-morbidités...). Malheureusement, il n’existe aucune étude comparant l’efficacité des différents traitements entre eux.

Dans les cas de Madame K., un traitement local à base d’imiquimod 5% a été choisi en raison du type du carcinome, de sa localisation, de l’âge de la patiente et de la présence d’un personnel médical fiable et dévoué pour appliquer le traitement. Celui-ci est habituellement initié au rythme de 3 à 5 applications par semaine (à adapter selon la réaction d’irritation locale produite). La zone traitée doit être lavée 8 heures après l’application de l’imiquimod. Le traitement complet nécessite un minimum de 30 sachets d’imiquimod à 5% et donc une durée de traitement variable de 6 à 10 semaines en fonction de la tolérance cutanée au traitement.

Ce type de traitement bien conduit offre un taux de rémission de 70 à 90%. Un suivi clinique de la région traitée est conseillé durant 3 à 5 ans afin de détecter toute récidive.

Actuellement, l’imiquimod à 5% ne bénéficie d’aucun remboursement pour cette indication. En 2011 et en Belgique, une boite de 12 sachets coûte 76,37 €. Le coût total d’un traitement sera donc de presque 230 €.

BIBLIOGRAPHIE 1 Gillard P, Mostinckx S, Lejeune M, Goossens

C et al. La peau du sujet âgé. RMG 2012 ; 289.

2 Duvivier A. Atlas de dermatologie clinique. 2ème Ed De Boeck Université 1996 ; 9.17 - 9.22.

3 Brochez L. Traitement du carcinome basocel- lulaire. Minerva 2005;4: 148-50.

4 Pirard-Franchimont C, Nikkels A, Paquet P, Quatresooz P et al. Comment je traite…un car- cinome basocellulaire par l’imiquimod topique. Revue Médicale de Liège 2005 ; 60 : 207-9.