La Revue de la Médecine Générale n°289 Janvier 2012 8 9

vie, à la dose cumulée de rayonnement solaire, ainsi qu’à l’utilisation par- fois prolongée de corticostéroïdes topiques et /ou systémiques. Suite à la perte progressive de la matrice extracellulaire, les fonctions mécaniques protectrices de la peau diminuent, aboutissant à une extrême fragilité. De cette constatation est né le concept de «dermatoporose». Celle-ci doit être prévenue et traitée afin d’éviter les complications qui en résultent (1). Il existe deux types de vieillissement cutané: d’une part, le vieillissement intrinsèque, et d’autre part, le vieillissement extrinsèque (2).

Le vieillissement intrinsèque Le vieillissement intrinsèque est chronologique, lié aux années qui passent bien entendu, mais également d’origine génétique. En effet, le phototype (peau claire ou mate, yeux clairs ou foncé, bronzage aisé ou non) de la personne influence nettement le vieillissement cutané. Le phototype correspond à la couleur de la peau et à la sensibilité de chaque individu aux UV. Cette sensibilité ne dépend pas du nombre constant de mélanocytes mais de la taille des mélanosomes plus grands chez les individus à la peau foncée et du type de mélanine. Par ailleurs, nous ne sommes pas tous égaux dans nos mécanismes de réparation de l’ADN cellulaire, et dans notre réponse au stress oxydant (représenté essentiellement par l’action des ultraviolets et des phéno- mènes inflammatoires).

Les facteurs extrinsèques Le premier, de loin le principal, est le vieillissement actinique, c’est-à- dire lié avant tout aux radiations ultraviolettes. Le mécanisme de celui- ci a été bien étudié. Le stress oxydant induit par les UVA se manifeste par la production de formes réactives de l’oxygène et de radicaux libres, qui provoquent des altérations de l’ADN nucléaire et mitochondrial, une activation de diverses métalloprotéinases matricielles et une induction de l’expression de gènes dans les kératinocytes, entraînant un photo- vieillissement et une photo-carcinogenèse. Le deuxième facteur est environnemental ou hygiéno-diététique. Le tabagisme, par exemple, entraîne un teint cireux, jaunâtre, une atro- phie cutanée et sous-cutanée (avec un aspect décharné) et des rides profondes et marquées. Ceci s’explique par une toxicité directe des goudrons sur l’ADN des cellules de la peau, par le rôle pro-oxydant et pro-inflammatoire des composants de la fumée, par les troubles micro- circulatoires et le syndrome d’hypercatabolisme chez les patients tabagiques. L’alcool, l’utilisation de certaines drogues et le régime ali- mentaire (notamment les carences en vitamine A, en fer, en vitamine

ABSTRACT Skin aging is a subject more relevant than ever. The skin of the elderly has particular characteristics that must be recognized by the general practitioner, so as not to be confused with certain skin pathologies. Furthermore, it is also essential to know the potential clinical forms of skin carcinoma in order to track them as soon as possible and to support them adequately. A mixed approach, both technical, intellectual, psychological and cosmetic is desirable to address the topic of skin aging.

Key Words: skin aging, keratosis, actinic, carcinoma, basocellular, spinocellular, photochemotherapy.