La Revue de la Médecine Générale n°289 Janvier 2012 31

liste des tabacologues reconnus est dispo- nible sur le site www.tabac.ssmg.be .

Il faut prévoir des difficultés chez les femmes: • dont le conjoint est fumeur ; • en situation de précarité ; • avec une charge de travail importante ; • ayant un niveau d’étude faible ; • souffrant de dépression ou d’anxiété ; • victimes de violence (actuelle ou passée) ; • ayant des co-dépendances (alcool ...) ; • avec une grossesse non désirée. (TvdS)

D'après l'atelier «Tabac et grossesse» du Dr Véronique GODDING, pneumo-pédiatre et tabacologue à Saint- Luc, Woluwé.

Que proposer à une fumeuse enceinte? Les interventions et accompagnements mul- tiplient par 4 les chances d’un sevrage durant la grossesse par rapport à un conseil mini- mal. Notons d’emblée, pour déculpabiliser les soignants, que 60% des femmes n’iront pas au-delà d’un premier rendez-vous d’aide au sevrage ! En effet, toutes ne sont pas prêtes, même en cas de grossesse.

Certaines molécules sont formellement contre- indiquées en cas de grossesse: bupropion, varénicline et nortriptyline. Les interventions efficaces combinent un soutien cognitivo- comportemental avec une substitution nicoti- nique discontinue et un suivi régulier. Adapter la dose de substitution aux besoins réels de la patient nécessite un dosage de cotinine urinaire avant arrêt et après substitution. La SN comportera des patchs de journée (patch de 16H ou patch de 24H à enlever au coucher)

Comment sensibiliser sans culpabiliser? Toujours demander à une femme enceinte si elle fume et idéalement mesurer à l’aide d’un détecteur de CO la quantité de monoxide de carbone dans l’air expiré. Cette mesure permet une prise de conscience immédiate comme le fait une mesure de tension artérielle chez un hypertendu. L’impact est important auprès des patientes. De plus, cette mesure permet de détecter les patientes qui n’osent pas avouer qu’elles fument enceintes (25% des cas) et n’ont alors personne à qui parler de leur tabagisme et/ou de leur sentiment de culpabilité.

Il est nécessaire d’informer les patientes car plusieurs études démontrent que leurs connaissances sont partielles voire erronées. Il est utile de donner une information sur les effets et les risques pour l’enfant, les béné- fices d’un arrêt durant la grossesse et l’exis- tence de professionnels de santé qui peuvent réellement aider en cas de difficultés. Ces pro- fessionnels peuvent être le médecin traitant ou le tabacologue. Ne pas hésiter à répéter les messages clés lors de chaque rencontre ultérieure avec la patiente. Dans le cadre de la diminution des risques pour l’enfant, le méde- cin peut même proposer à la patiente de faire l’effort d’un arrêt juste le temps de sa gros- sesse et de reprendre après l’accouchement si elle le désire (ce qui est la règle dans 50 à 80% des cas).

Si la patiente est prête à tenter un arrêt, il faut l’encourager, l’accompagner et si des difficul- tés sont prévisibles, ne pas hésiter à la confier à un tabacologue de proximité qui pourra lui consacrer beaucoup de temps pour l’aider. La